Mythes sur les chats : entre croyances populaires et réalité

Mythes sur les chats : entre croyances populaires et réalité

Daniel Filion
educhateur.com

Les réseaux sociaux ont le pouvoir de faire renaître des idées qu’on croyait disparues. Et les chats, avec leur personnalité unique et parfois énigmatique, sont souvent au cœur de ces croyances populaires. Certaines de ces idées reçues prêtent à sourire, d’autres peuvent inquiéter. Mais toutes ont un point commun : elles méritent d’être déconstruites.

À l’occasion de la Journée internationale du chat, le 8 août 2025, voici quelques mythes encore bien présents qu’il est temps de laisser derrière. Mieux les comprendre, c’est aussi mieux cohabiter avec eux. Parce qu’ils sont bien plus fascinants que tous les clichés réunis.

Je suis Daniel Filion, l’Éduchateur. Depuis plus de vingt ans, mon équipe et moi aidons les gens à transformer les comportements problématiques de leur chat en solutions concrètes et durables. Trop de mythes circulent, trop de conseils douteux se propagent en ligne. Et pendant ce temps, des chats souffrent, incompris. Mon rôle, c’est de faire le ménage là-dedans, un mythe à la fois.

1. La couleur du chat influence son comportement

Chat qui mange de la nourriture humide

Des études menées aux États-Unis et en Angleterre ont démontré que notre jugement est fortement influencé par les médias. Garfield, Les Aristochats ou encore Félix le chat ont tous contribué à forger des stéréotypes sur les chats, poussant les gens à attribuer des traits de personnalité selon la couleur du pelage :

  • Les roux seraient gourmands et gentils
  • Les noirs et blancs, sociables
  • Les blancs, fragiles ou snobs
  • Et les tricolores? Carrément caractérielles!

Pourtant, aucune étude scientifique sérieuse ne démontre un lien entre la couleur du pelage et la personnalité. Ce qui influence réellement le comportement d’un chat, ce sont la génétique (au-delà de la couleur), l’environnement, la socialisation et les expériences vécues. Et il faut aussi savoir que la race, chez le chat, a très peu d’influence sur le comportement.

2. Le chat peut étouffer un bébé en se couchant sur lui

Ce mythe remonte aux années 1970 et 1980, à une époque où le syndrome de mort subite du nourrisson était encore mal compris. On retrouvait parfois le chat de la maison couché près du bébé, et on le désignait alors coupable… simplement par association.

Un chat peut vouloir se coucher dans un berceau pour plusieurs raisons : c’est un endroit central dans la maison, c’est chaud, confortable, et les odeurs du nourrisson sont nouvelles et intrigantes. Mais l’idée qu’il chercherait à “voler le souffle” du bébé ou à l’étouffer est pure invention.

Si vous avez déjà vu une chatte réussir à se coucher dans une boîte minuscule avec ses chatons, sans jamais en écraser un seul, vous comprendrez qu’un chat adulte n’est pas un danger pour un bébé humain. Honnêtement, il y a probablement plus de chances que la foudre frappe le berceau à l’intérieur de la maison que qu’un chat étouffe un enfant en s’y couchant.

3. Le chat ressent quand une personne a peur ou est allergique

Un chat gris

Le chat n’est pas un détecteur d’émotions humaines complexes ni un capteur d’allergènes. Il ne cherche pas exprès à aller voir la personne allergique ou craintive. En fait, ce qui se passe est souvent l’inverse : les gens qui aiment les chats les regardent, les appellent, avancent vers eux. Si vous êtes une personne allergique ou qui craint les chats, vous aurez souvent le réflexe de les ignorer et ne pas attirer leur attention… ce que le chat interprète comme un signal non menaçant parmi toutes ces personnes qui cherchent à le toucher et l’attirer. Il est donc plus susceptible d’aller vers vous, non par intention, mais par lecture visuelle de votre posture

4. Les chats aiment le lait

Image classique perpétué par les films : le chat qui lape un bol de lait et qui adore ça. La réalité : Il est vrai que le chat aime le lait, néanmoins, la très grande majorité des chats adultes n’ont pas l’enzyme nécessaire pour digérer le lactose et en sont intolérants aux mêmes titres que plusieurs humains. Cela peut entraîner diarrhées, gaz et inconfort. Le lait n’est pas toxique, mais ce n’est pas non plus une gâterie adaptée. Et non, le chat ne « sait pas » ce qui est bon pour lui. Offrir du lait au quotidien, c’est répondre à une fausse image populaire, pas à un besoin réel. Sachez qu’il existe du lait sans lactose pour chat si jamais c’est une gâterie qu’il apprécie.

5. Les chats peuvent voir les fantômes

Le chat fixe un coin de mur, suit des yeux quelque chose d’invisible ou sursaute sans qu’on ne voie rien. Quelle est la première interprétation que bien des gens feront de ce comportement ? Eh oui : le classique chat qui aurait un sixième sens pour détecter les esprits ou les fantômes.

En réalité, les chats perçoivent des fréquences sonores bien plus élevées que les nôtres, jusqu’à quatre fois plus hautes. Ils peuvent entendre une souris se déplacer dans une cloison, capter les sons d’un instrument de musique provenant de l’appartement voisin, ou même réagir aux ultrasons émis par une chauve-souris, réverbérés sur les murs d’une pièce en provenance d’une fenêtre ouverte. Ce n’est pas du paranormal. C’est simplement une question de biologie.

6. Cligner des yeux à un chat peut le calmer

Chat noir à l'extérieur

Vers la fin des années 2000, un livre paraît décrivant une série de gestes observés chez plusieurs espèces de mammifères, que l’on qualifie de signaux d’apaisement. L’intention initiale était d’attirer l’attention sur des comportements utilisés pour éviter les conflits. Mais en nommant ces gestes ainsi, une dérive importante s’est rapidement installée.

La communauté, professionnels et grand public confondus s’est emparée de cette notion avec enthousiasme. Or, en leur attribuant le terme d’apaisement, plusieurs ont déduit à tort que ces gestes servaient à calmer un congénère ou à se calmer soi-même. Il n’en fallait pas plus pour que certains en viennent à croire que les humains pouvaient reproduire ces gestes pour apaiser un animal en situation de stress.

Parmi ces comportements, le clignement lent des yeux est devenu un exemple populaire. De nombreux intervenants, y compris certains professionnels de la santé animale ou du comportement, ont affirmé que le chat qui répondait à un clignement humain reproduisait un signe d’apaisement. Ce qui a mené à la recommandation fréquente de cligner des yeux à un chat pour le calmer, notamment lors de consultations vétérinaires ou de manipulations stressantes.

Il aura fallu près d’une décennie avant que la science s’y intéresse sérieusement. Et le simple fait de renommer ces gestes a suffi à renverser leur interprétation : ces comportements ne sont pas des signes d’apaisement, mais des signaux d’inconfort. Si un chat cligne des yeux après que vous l’ayez fait, ce n’est pas qu’il est rassuré. C’est plutôt qu’il le perçoit comme inhabituel pour nous et donc étrange et ambigu, et cela peut accentuer son malaise.

Si ces gestes avaient été désignés dès le départ comme des signaux d’inconfort, on aurait évité cette dérive d’interprétation. Ce glissement démontre à quel point bien nommer les choses est fondamental. Dans ce cas-ci, les conséquences sont limitées. Mais dans d’autres contextes comme la notion populaire de « dominance » un mauvais terme peut entraîner des pratiques graves, inefficaces ou même néfastes. Parce que non, la dominance au sens populaire n’existe pas.

Mythes en rafale : encore bien vivants, mais à déconstruire

Le mythe populaire sur les réseaux sociaux

Les chats urinent hors de la litière pour se venger ou par jalousie. Faux. Ces comportements sont toujours liés à des facteurs concrets : emplacement, propreté, type ou nombre de bacs à litière.

Le mythe transmis par nos grands-parents

Le chat noir absorberait les esprits maléfiques dans nos maisons. S’il croise votre chemin, vous risquiez de récupérer un de ces esprits. Ce mythe a contribué à leur mauvaise réputation, toujours bien ancrée aujourd’hui.

Le mythe pseudo-mystique

Un chat qui se couche sur le lit d’un malade annoncerait sa mort. En réalité, le chat perçoit les changements dans la respiration ou la posture et vient s’allonger par curiosité ou inquiétude.

Le mythe farfelu mais tenace

Si une jeune femme marche sur la queue d’un chat, elle restera célibataire à vie… sauf si elle prie Sainte-Philomène pendant 28 soirs.

Le mythe qui fait sourire… ou pas

Selon une version américaine du mythe de l’étouffement, le chat introduirait sa queue dans la bouche du nourrisson. Une absurdité totale, mais encore racontée.

Le mythe discriminatoire

Les chats noirs portent malheur. Ce mythe est l’un des plus anciens et a des conséquences : les chats noirs sont encore aujourd’hui adoptés beaucoup moins fréquemment que les autres.

Changeons notre regard sur le chat, un mythe à la fois

Plusieurs de ces mythes sont encore bien vivants, parce qu’ils sont simples, séduisants ou ancrés depuis longtemps. Mais en les déconstruisant, on ouvre la porte à une meilleure compréhension du chat, et surtout, à une relation plus respectueuse. En cette Journée internationale du chat, prenons un moment pour célébrer nos compagnons… en les voyant tels qu’ils sont vraiment. Pas comme des créatures mystiques ou imprévisibles, mais comme des êtres sensibles, brillants et profondément attachants.

Pour célébrer la Journée internationale du chat :